RETOUR SUR L’AFRICA ECO RACE 2015

Rappel: Cette course est la reprise du mythique Paris-Dakar créé par Thierry Sabine «TSO» en 1978, abandonné par ASO en 2008 pour cause d’insécurité en Mauritanie. A la demande des gouvernements Mauritanien et Sénégalais, Jean-Louis Schlesser et René Metge en 2009, font renaître cette course partant de France pour rallier Dakar, elle portera le nom de l’Africa Eco Race.
Le départ de l’Africa Eco Race, de la marina de Saint Cyprien, où seront effectuées les vérifications administratives et techniques, restera à jamais le début d’une aventure humaine, chargée de rebondissements tout au long de ces 5293 kms de course dont 3433 kms de parcours.

Composition de l’équipe
Buggy
:  Pilote: Bernard Touzery, copilote: Michel Dupiech

Fourgon assistance Iveco : Jean-Yves Beilvert, François Ganache

 

Toy d’assistance rapide: Frédéric Ganache, Alain Zéphir

 

 ...et bien sur toute l’équipe OD restant au PC course à Toulouse, composée de Benoit, Alex, Ludo, Michel M, Michel C, Alain M, Alain S, Angel, Frédéric D, David, Jerôme et tous ceux qui nous ont soutenus...

Dimanche 28 décembre 2014 : vérifications administratives et techniques à St Cyprien

Froid de canard, vent pénétrant mais des milliers de spectateurs venus admirer les véhicules et encourager les team.Vérifications techniques et administratives, stickage des véhicules course et assistances, récupération des 6 pneus Baja puis montage sur place des pneus sur les jantes à beadlock.

Départ officiel sous la grande arche . Départ à 23h pour une liaison non-stop de 1100km.

Nuit du 29 decembre au 30 décembre

Embarquement sur le bateau vers 19h.Formalités police et douane sur le bateau très très longues.Vers minuit, Véronique de l’organisation, décide de prendre les passeports et de travailler toute la nuit avec nos amis marocains pour délivrer les visas d’entrée.

Mardi 30 décembre : Nador / Jorf El Hamam
Liaison : 66 km  - Spéciale :  117 km - Liaison :  462 km - Total : 645 km
Pour l’assistance : 585 kms

Debout à 4h du matin, vers 4h30 Alain récupère les passeports.Débarquement à 5 h puis stop sur le quai où nous attend un petit déjeuner offert par la mairie de Nador sous une grande tente berbère. Départ du port de Nador vers 9 heures.

La spéciale :
Le départ se fait par ordre des numéros de course.

Belle spéciale de 117 km dans un paysage bien vert, les pluies de l’hiver y sont pour quelque chose. Un peu de boue, beaucoup de végétation et nous attaquons des pistes de montagne bien rocailleuses, beaucoup de cap donc du hors-piste.

A la sortie de la spéciale quelques kilomètres nous mèneront à Guercif où nous attend l’assistance.

L’assistance :
Arrivée du buggy vers 13h. Lavage par un « consciencieux » qui nous retarde quelque peu.

Le buggy part seul pour respecter son temps imparti. Arrivée au bivouac vers 21h. Le buggy nous attend près du camion de pneus.
Première installation : on a besoin de se roder !
Première révision du buggy : 2h30, , Un soufflet de cardan coté boite ouvert, JY change le cardan et installe un gros soufflet par-dessus le petit, cela tiendra toute la course. Là également on a besoin de se roder !
En parallèle nous récupérons les 2 roues et les 4 caisses que nous avions mises dans un camion de l’organisation , Bravo.
Coucher vers 1h du matin après avoir bu « un petit jaune ». Il fait très froid.

Mercredi 31 décembre : Jorf El Hamam / Tagounite 360 kms
Liaison : 38 km - Spéciale : 377 km – Liaison : 23 km : Total  438 km
Pour’ l’assistance : 360 kms

 La spéciale :
5 km après le départ, le capot avant se décroche, réparation avec du scotch toilé.
Nous attaquons un oued dans du sable très mou avec une sortie très compliquée jusqu’à l’Erg.

Les traces des camions, déjà bien placés au classement, nous ont laissé des ornières monstrueusement profondes, le buggy y disparait presque vue la profondeur. Puis nous franchissons un petit cordon de dunes assez impressionnantes ; passage court mais ‘‘chaud’’.
Nous attaquons à présent une série de pistes emmêlées jusqu’au CP1, puis du hors-piste au cap qui nous amène à une passe empierrée dans la montagne où nous y crevons le pneu avant gauche.
Arrivés sur le plateau ; des caps différents se succèdent sur un terrain « farci » de végétation et de grosses pierres ; nous y attrapons le CP 2.
Puis petit à petit nous dévions de notre cap, nous revenons sur nos traces, nous croisons Ennio et faisons un point ensemble. Nous repartons ensemble et jardinons pour trouver la piste qui doit nous guider vers le CP 3, la nuit tombe déjà. Un autochtone nous guidera à travers des plantations, mais nous ne trouvons pas la sortie dans ces méandres de murets d’oueds, de fermes et pistes agricoles.
Nous arrivons tout de même à trouver le bon cap.  Nous refaisons un point avec Michel et Ennio qui ne nous quitte plus ; lui est seul dans son buggy mono place.

Il fait nuit, continuer au road book vers l’arrivée qui se trouve à plus de 190 km avec le passage de l’oued Draa, nous paraît un peu « osé ». Nous décidons de viser la grande piste damée qui nous conduira jusqu’à Zagora et ensuite nous aurons une liaison sur le goudron de 80 kms pour rallier Tagounite.
 A la sortie nous faisons le plein à la station ZIZ et nous prenons la piste pour le bivouac.

L’assistance :
Lever à 6h avec un petit -5 degré et de la glace.
Jean-Yves : « tiens, pour une fois ce n’est pas Zézé qui nous réveille, il vieillit ???? la nouvelle route à Tazzarine mais oh ! Surprise elle n’est pas goudronnée jusqu’à Zagora.
Notre bon Iveco va faire ses premiers kms de piste ondulée avec François au volant. La remorque également !

« Accélère, accélère, si tu ne veux pas te faire secouer » mais François a du mal à oser Joséphine !Arrivée à Zagora vers 14h30 où nous décidons de remettre nos vertèbres en place en allant déjeuner chez Ali, lieu célèbre et magique de Zagora.

En soirée petit détour par le PC course où nous apprenons que Bernard et Michel rentrent par la piste que nous avons prise. A leur arrivée, prise d’informations pour la révision du Buggy ; pas de problème particulier sur le véhicule. RAS juste une roue AV crevée. Nous décidons d’aller manger tous ensemble et de sabler le champagne pour la nouvelle année.

Jeudi 1er janvier 2015 : Tagounite / Assa
Spéciale :  433 km - Liaison :  92 km - Total : 525 km
Pour’ l’assistance : 565 kms (en théorie)

 La spéciale :
Départ à la sortie du bivouac, nous entrons dans le canyon empierré, puis des passages de sable mou

dans des fonds de oueds avec des remontées sur des pistes empierrées nous amène au bout de 50 kms aux grandes dunes de l’Erg de Chegaga.

Au pied d’une grande dune, trois véhicules ensablés ! Contournement par la droite, nous nous ensablons à notre tour juste avant la crête, un coup de marche arrière, en reculant vers la droite pour s’écarter des véhicules en bas – Michel ‘‘attention y a du monde derrière’’, Je recule pratiquement sûr de mon coup, manque d’appréciation ! la dune en dévers nous aimante sur l’avant du buggy d’Ennio, le choc nous stop net, ‘‘nondidiou’’!!! le tube du berceau moteur est plié et il a écrasé l’allumeur du Porsche.

La vue de cette catastrophe nous laisse à penser que le plan B commence maintenant. L’inconnu sera la suite du programme...
Le PC course nous contacte. C’est Frédo qui vient aux nouvelles des dégâts et un plan de secours se met en place.
L’assistance avec l’orga de l’AER s’organise pour nous laisser avec le camion balai à un point de rencontre donné.
1h du matin, Michel dort dans le buggy, moi sous le buggy, il fait froid, un bruit, des phares, le
camion arrive nous le voyons au sommet d’une dune, 3 minutes après il stoppe à côté de nous, le 2ème copilote ‘‘un Français toubib’’ nous demande si nous allons bien et ce qui nous est arrivé. Le navigateur ‘‘un Hollandais’’ essaie de nous expliquer qu’ils vont nous laisser à 20 kms au nord à un endroit où notre assistance nous attend.
Le chauffeur « tchèque », en teeshirt, dirige les opérations de chargement.(il doit faire aux alentours de zéro degrés)

 

L’assistance :
Nous prenons la route, puis piste qui conduit de Zagora à Foumzguid.
Vallée magnifique avec des pans de montagnes couverts de fleurs violettes qui  ressemblent à des giroflées.

François est content, il peut parfaire sa pratique de la tôle ondulée en Iveco de course !Passage de Foumzguid ( 190 kms) vers midi.Peu après Foumzguid coup de fil de Bernard à Alain :
« nous sommes arrêtés, on attend le camion balai, on ne peut plus rouler, j’ai tapé un autre véhicule par l’arrière, arceau pété, tête d’allumeur pétée, le moteur ne repart pas »
«  mais vous êtes où ? »
«  on a du faire 70 kms au plus »

Le PC Course nous transmet par sms une route avec 4 points GPS. Entrée des points dans le GPS amené par Zézé.On prend la piste , mauvaise piste, très mauvaise piste pleine de cailloux et de saignées. On croise les No 236 et 237 de l’équipe CELIO qui rentrent par la route. Ils s’arrêteront au camping où sont Jean-Yves et François. Arrivée vers 17h en bordure du lac Iriqui.

Vers minuit nous voyons arriver le camion balai. Il a 1 moto sur son plateau. Il nous explique qu’il doit prendre 1 voiture qui est à 4 kms, puis notre buggy à 7 kms pour le tracter, puis 1 moto. Le programme ne nous convient pas trop car on sait que dans ce type de situation, dans les dunes, il y a des dégâts sur le véhicule tracté.
Après discussions multi langues, nous décidons ensemble qu’il parte d’abord chercher Bernard et Michel sur son plateau, il nous les amène ; comme cela on lui libère le plateau pour l’autre voiture et nous on prendra en charge le buggy.
Vers 3 heures du matin les voilà revenus avec le buggy sur le plateau et nos chers amis réchauffés à l’intérieur du camion. On sangle et on part pour 60 kms de piste ; mais nous ne prenons pas la même car on se dit que cela va être compliqué avec le buggy en remorque. Nous, dans le noir, on ne sait pas ce qui se passe derrière. Bernard nous dira plus tard qu’il s’endormait en permanence. Nous arrivons au camping sur le coup de 5h30. Là, nouveau petit problème ; la sangle s’est enroulée sur la roue avant droite et on a détruit la durite de freins. On décide de dormir un peu puis à 8h branlebas de combat on commence par prendre un solide petit déjeuner que notre ami Ali du camping nous a préparé.

Vendredi 2, samedi 3 et dimanche 4 janvier : étapes « spéciales OD »

 Bernard et Jean-Yves s’occupent de la réparation de la durite de frein.

François commence la réparation de l’arceau moteur

Michel et Fredo essaient de réparer la tête d’allumeur.

Et zézé discute avec une équipe de Tchèques qui fait un périple souvenir car ils avaient couru le Dakar il y a 30 ans.

Les autres membres du team à Toulouse ont été prévenus de la situation la veille dans l’après-midi. Benoit et Alex se démènent pour nous faire arriver par avion en fret une tête d’allumeur.
A Toulouse une course contre la montre se met en place, il est 10h du matin le 2 janvier et à 12h30 un avion peut nous embarquer notre nouvel allumeur trouvé chez notre ami Peyrau Porsche. Benoit et Alex se mettent en 4 pour tenir le timing, à 12h l’allumeur est à l’aéroport, un avion nous prend la pièce pour Paris, puis vol Paris Agadir pour une arrivée samedi 3 janvier à14h30.
Bof un petit détour de 500 kms, au point où on en est !
Entre temps l’arceau a été réparé grâce à la dextérité de François et à la soudure de Bernard.

Pour son 1er rallye, on peut dire que François a assuré grave comme dirait Bernard !

Tajine à 13h, tajine à toute heure !!!  il est 17h le 2 janvier.

Bernard, Jean-Yves et Fredo (ils ont le permis E) partent sur Darkhla avec l’Iveco chargé bien au-delà du tolérable et le buggy sur la remorque chargée également bien au-delà de l’admissible.

Zézé, Michel et François partent en 4x4 pour récupérer les pièces à Agadir. Les compères de l’Iveco roulent jusqu’à Tata (environ 150 kms) où ils dormiront dans un bon lit. Les compères du 4x4 décident de rouler jusqu’à Taroudant (environ 250 kms) et de dormir dans un hôtel.

Samedi 3 et dimanche 4 janvier : pour certain TATA / DARKHLA, pour d’autre TAROUDANT / AGADIR / DARKHLA

 Equipe IVECO

À 7h après un petit déjeuner, nous partons pour Laayoune via Dakhla, 1050 kms à faire. Bonne route mais convoi long, large et lourd. Certains disjonctent !!

Peu avant Darkhla, nous explosons une roue de la remorque ; changement de la roue mais la jante de la roue explosée a été quelque peu « mangée » par le goudron. Plus de roue de secours pour la remorque ; pas grave on doit sûrement pouvoir en trouver une ! La suite nous montrera qu’il ne faut pas avoir trop d’évidences dans sa tête. Nous arrivons le dimanche matin à 6 heures : 23h non-stop de roulage.

Equipe 4x4

Lever à 7 h ; tiens c’est Zézé qui nous réveille ; il a retrouvé la jeunesse ! Arrivée à l’aéroport d’Agadir à 11h.
Petit tour par le bureau du responsable des douanes à qui nous expliquons que nous avons un colis à récupérer au fret de l’avion de 14h30 mais que nous n’avons aucun papier de dédouanement mais qu’il nous le faut impérativement sous réserve de ne pas terminer la course.
«  mais on est samedi aujourd’hui, Monsieur, et les douanes elles ne travaillent pas le samedi »
« Ah bon ! mais on ne peut pas appeler le directeur des douanes »
«  si, si »
Coup de fil
« revenez vers 14h30, il sera là »

Entre temps,
« allo ! Benoit, as-tu des papiers pour le dédouanement ? »
«  oui, trouves une adresse mail avec une imprimante et je te les envoie »
Tu parles d’une affaire Charles ! et voilà Zézé qui part en recherche dans l’aéroport.
Il finit par trouver un loueur de voiture qui a mail et imprimante sur place ; il est le seul dans tout l’aéroport.
« allo ! Benoit, envoie les doc à telle adresse »
A 12h on a récupéré les documents et on file sur le bord de mer pour se manger un plateau de poisson et de langouste ; Quel bonheur !

A 14h retour à l’aéroport ; on revoie le même permanent qui au vu des papiers dit
«  plus de problèmes, vous allez récupérer votre colis ».
A 15h10 récupération du colis au fret
A 15h15 ouverture du colis pour contrôle
A 15h25 paiement de la taxe pour stockage et transit
A 15h30 départ pour Darkhla.

Sur la route François prendra sa première « prune » au Maroc : Paraît-il qu’il roulait à 88 kms/h en étant le dernier d’une file de camions et voitures.

Michel : « il est où le radar »
Le policier : «  la haut , un peu plus loin, l’amende est de 300 Dh (environ 30 €) »
Et là on part dans les palabres qui finalement ont permis de ramener « l’amende » à 100 dh avec un grand numéro de « crève la faim » de la part de Michel !!!!!!

Arrivée à Darkhla vers 11h le dimanche après avoir roulé 19 heures et fait 1100 kms
Dès l’arrivée, montage de la nouvelle tête d’allumeur et vroum vroum le moteur repart.
Il est 12h18, nous pouvons repartir en course.
Après un léger repas, à 13 h nous faisons des essais ; ras tout fonctionne à priori normalement.

 

Lundi 5 janvier Dakhla / Chami
Liaison : 437 km - Spéciale : 174 km – Liaison : 9 km - Total : 620 km
Assistance : 571 kms

Journée de passage de frontière entre le Maroc et la Mauritanie. Ciel « jaune ». Sortie du Maroc rapide et passage du no man’s land entre les 2 pays.
Zone de transit n’appartenant à personne, donc pas de route, que de la piste défoncée où passe tout le monde.

Bernard et Michel passeront en 5 heures. Jean-Yves, François, Fredo et Zézé transiteront en 8h30.
A la sortie de la douane on apprend que la spéciale est annulée pour cause de vent de sable. Les hélicoptères ne peuvent pas décoller

L’entrée du bivouac est trop ensablée pour les véhicules normaux, plus tard quand l’assistance arrivera, elle restera au bord de la route avec bien d’autres. Nous réceptionnons les 2 bidons de 200L, un d’essence et l’autre de gasoil, ici pas d’essence et le gasoil est de mauvaise qualité. Avec Michel nous faisons le plein du réservoir buggy, muni de la pompe à main de notre prestataire Mauritanien. Demain une grosse journée nous attend.

Mardi 6 janvier Chami / Azougui
Spéciale : 433 km - Total : 433 km
Assistance : 705 kms

 La spéciale :

 Le départ de cette spéciale restera un bon moment de rallye raid, belle piste, bonne navigation, les caps hors-piste s’attrapent nickel. Au km 313, le cordon de dunettes farcies d’herbe à chameau se passe correctement.

 

 Michel me fait tirer un peu plus à droite, il y a des traces dans tous les sens, «c’est le oaï, expression du sud qui veut dire ‘‘le bordel’’»

 

On voit des 4x4 plantés dans tous les sens ; à notre tour de nous tanker, on doit se trouver dans la zone critique... bien plantés, on sort les plaques, un coup de vérin, démarrage sur les plaques, replantage aussi sec, 15 fois de suite, ça devient lassant «et épuisant dirons-nous, sans vouloir se plaindre :-/». Nous y perdons une plaque dans les profondeurs du sable trop mou, puis un gant, cela suffit, nous sortons de cette zone attachante mais sans regret. On se re-tank dans une petite montée. Plaque, vérin...

et là, au bout de 4 mises de plaque le moteur se met en surrégime d’un coup, je coupe le moteur, le rallume, pareil. On change de calculateur, pareil, on regarde les connexions des sondes, du switch papillon admission rien y fait, le temps passe, la nuit tombe….. et merde. Le PC course : « le camion balai n’est pas très loin, il est derrière vous » , à 22h, on voit une lumière, un gars à pied arrive vers nous, « pas facile de vous trouver », nous étions en contre bas d’une dunes derrière une grosse herbe à chameau. 2 heures plus tard il nous laisse à côté d’un Mitsu «triangle AV cassé» et un Humer «moteur cassé» ils ont fait un feu de camp, car le froid de la nuit est là. Le camion N° 2 arrive, ils chargent le Humer des Kazak et nous propose de nous tracter, le Mitsu attend son assistance, nous sommes à 105 km du bivouac. 4km, notre anneau de tractage devant s’ouvre en deux sur une reprise du camion dans du mou.

Il nous laisse sur place. Nous dormons assis dans nos baquets en attendant le jour.  Au petit matin, nous démontons le support de plaques pour avoir accès au moteur et comprendre pourquoi ce «putain de moteur» nous a fait défaut.  Ho ! punaise les trois pipes d’admission côté droit son déboitées de leur emplacement. On remet tout ça en place, on démarre, nickel….Nous sommes le 7 janvier et nous arriverons au bivouac vers 12h.

L’assistance :

Pour l’assistance, il n’y a qu’une seule route ; il faut passer par Nouatchot, puis remonter sur Atar. Le convoi est reformé : Iveco seul et allégé, 4x4 + remorque.

Au passage on cherche toujours une roue de secours pour la remorque mais nada. La route est bonne et nous pouvons rouler entre 90 et 100 kms/h.

Pour une fois on arrive aux abords du bivouac de jour. Mais surprise !!  il y a des landes de sable. Comme des novices, nous oublions de dégonfler et bien sur plantage de l’Iveco, du 4x4 et de la remorque. Un « vieux » local, moyennant 30 € prend en charge l’Iveco et nous fait passer par une autre piste soi-disant moins ensablée.

Au passage Zézé fait une « bise » à l’Iveco avec la remorque.

Dans la nuit nous apprenons qu’ils sont stoppés et qu’un camion balai doit aller les récupérer. Bon, ils ne feront pas la spéciale du lendemain et nous ne savons pas quel est le problème. Nous décidons de nous coucher.

Mercredi 7 janvier : Azougui / Azougui
Liaison 5 km - Spéciale : 358 km - Liaison : 35 km - Total : 398 km

Pas de spéciale pour nous aujourd’hui. Michel et Bernard nous expliquent ce qui est arrivé et que finalement le buggy marche correctement. Nous attaquons la révision du Buggy. Tiens, tiens, Jean-Yves trouve un gant dans le filtre à air !Et là les cerveaux se mettent à chauffer, puis à bouillir,

 puis à trouver le pourquoi du comment les pipes d’admission côté droit ont pu se déboiter. Bernard, en grande pompes, est content,

Car il a retrouvé son gant mais il nous doit une bonne mousse. Compensation : c’est notre vraie journée de repos.

Révision du Buggy dans la journée : réparation de l’anneau de tractage et « tyrapage » de l’admission (nous voudrions « tyraper » les gants sur les mains de Bernard, mais celui-ci refuse !!)

Jeudi 8 janvier : Azougui / Akjoujt
Spéciale 367 km - Liaison 24 km - Total : 391 km
Assistance : 225 kms

La spéciale :

Une belle spéciale roulante où au début nous naviguons au cap coupant continuellement des pistes de droite comme de gauche, en longeant une montagne au loin sur la droite.
Nous dérivons sans nous en rendre compte de notre cap et nous nous retrouvons à traverser le goudron ou devait se trouver le CP 1 «mais à 5 km à gauche».
Nous jardinons dans une végétation luxuriante jonchée de dunettes bien molles, pendant un certain temps avant de nous rendre compte que nous ne pouvons plus tirer sur la droite pour corriger notre trajectoire.

Retour sur nos traces jusqu’au goudron où nous trouvons le CP 1, 5 km plus haut. Nous traçons et prenons au km 118 une piste à gauche en épingle «sur un changement de note au road book donné la veille au briefing», puis nous arrivons dans la première zone de sable où nous naviguons entre des dunes plus ou moins porteuses.

Puis nous attaquons une piste caillouteuse qui devrait nous mener à la fameuse passe de Tifoujar. Arrivés au CP 2, le contrôle pointage nous demande «si nous le voulons» d’arrêter car «notre temps perdu sur la spéciale, juste avant le CP1» fait que nous terminerions de nuit ; le CP3 devrait nous attendre trop longtemps et partirait trop tard pour pouvoir le lendemain à son tour aller s’installer sur l’étape suivante et le camion balai derrière nous aussi arriverait trop tard pour sortir des véhicules devant nous déjà en mauvaises postures. Nous capitulons et suivons un 4X4 du CP2 jusqu’au goudron car sur notre road book nous n’avons pas ces indications.
Nous rejoignons le bivouac après avoir quand même passé le CP4 de l’arrivée avant l’entrée du village d’Akjoujt, nous y doublons à la sortie du village en direction du bivouac 17 autos mitrailleuses qui se positionneront tout autour du parc AER pour assurer notre sécurité.

L’assistance :

Petite liaison aujourd’hui ; ça fait du bien !
On reprend la piste à l’envers en ayant bien pris soin de tout dégonfler.

Arrivée à Atar vers 10h.

Zézé rencontre un mauritanien copain d’un copain à qui il explique ce que l’on cherche.(la roue de secours pour la remorque !!) Ils prennent un taxi et les voilà partis pour tourner dans Atar pendant 1 heure.

Mais que nenni, nous avons maintenant la certitude qu’une roue en 13 pouces avec 5 goujons, ça n’existe pas ni au Maroc, ni en Mauritanie. Il ne reste plus qu’à croire en notre bonne étoile ! Arrivés au bivouac vers 15h. Benoit téléphone souvent car il les suit sur le site de l’organisation mais nous dit ne pas comprendre ce qu’ils font. Ils vont, re-vont, reviennent, repartent, prennent les CP, prennent l’arrivée …. Il est Fou le Benoit !!!!! A leur arrivée et après explications, nous faisons la révision du buggy.
Il y a du jeu sur le triangle inférieur gauche et sur la biellette de direction droite et Nous décidons de changer le triangle complet car nous en avons un tout équipé et nous changeons les rotules de directions. Zézé répare l’entrée d’air G avec notre adhésif miracle.

Vers 21h nous aurons la visite de Jean-Louis Schlesser pour un coucou amical.

Vendredi 9 janvier : Akjoujt / Toueila
Spéciale : 342 km - Liaison 6 km - Total : 348 km
Assistance : 210 kms

 La spéciale :

Cette spéciale est gravée dans la mémoire de Michel et de moi-même. Le départ du bivouac sur une piste en gravillons noirs,

piste rapide au cap jusqu’au WPM du km 35,63, ensuite petite piste qui longe le cordon de dunes qui reste à notre droite jusqu’au CP 1 du km 80,22.
Puis gros cordon de 12 km.

En haut de la seconde grande dune, 5 voitures sont plantées

Nous passons entre deux 4X4 ensablés pour nous arrêter sur la crête en bascule prêtsà descendre, nous y arrivons en crabe accrochant le pare-chocs d’un Toy 100.

Un autre Land Cruiser essaie de se sortir d’un entonnoir, 20mn après la voie est libre, nous nous lançons à l’assaut du cordon. Un autre Toy se tanke à son tour sur la crête suivante, nous attendons qu’il se dégage avant de repartir, à sa droite comme à sa gauche impossible de passer le relief ne le permet pas.

Un vent de sable s’est levé depuis une demi-heure. Sur une grande montée,  je me tanke à mon tour, je ne peux pas redescendre en marche arrière, elle s’ensable, nous montons les 20 mètres qui nous manquent sur les plaques.

au bout de 5 heures nous parvenons sur le plateau, contournons quelques dunes et en franchissons certaines, nous arrivons au CP2 qui n’est plus là, ils sont partis, la nuit tombe. Après avoir appelé le PC Course, nous allons au CP3  puis nous tirons tout droit au cap 240 jusqu’au goudron. Après 50 kms, nous arrivons au bivouac.
Nous débriefons à notre assistance sur les problèmes rencontrés lors de la spéciale et le comportement du moteur avec dégradation de sa puissance.

L’assistance :
Enfin nous avons du temps pour regarder un départ.Nous attendons que nos amis partent puis nous quittons le bivouac. Rien de particulier pour nous.
Nous apprenons en début de nuit qu’ils sont sortis de la spéciale et qu’ils rentrent par la route.
A leur arrivée, très fatigués, nous comprenons « la galère » qu’ils viennent de vivre pendant plus de 5heures.
Fredo et Jean-Yves sont inquiets pour le moteur.

A priori il y a perte de puissance du côté gauche, le coté qui a pris le choc à la 3ème spéciale. Ils décident de ne rien faire car cela nous emmènerait dans trop de travaux qui empêcheraient le départ de la spéciale du lendemain. Fin de la maintenance vers minuit. Changement système gonflage rotatif droit

Samedi 10 janvier : Toueila / St Louis
Liaison : 6 km - Spéciale 201 km - Liaison : 286 km - Total : 493 km
Assistance : 305 kms

La spéciale :

 Départ 08h45mn.

Sur la ligne de départ, le moteur nous donne l’impression de « boiter », le commissaire FFSA, comme tous les matins, donne le bonjour à tous les concurrents avant le départ et s’approche de nous, trois voitures sont devant nous pour prendre le départ, je lui dis « tu entends le moteur », il me regarde et me dit –« ouai », il tourne pas trop rond, Frédo le matin au démarrage tirait un peu le nez aussi, deux voitures devant nous, Michel me dit – « qu’est-ce que tu en penses, on a une grosse étape devant nous avec un gros cordon de dunes vers la fin à passer »
« Les dunes rouges, Réné Metge la veille au briefing nous conseillait à tous de passer sur la droite du cordon car trop dedans ça pourrait être chaud à passer»
« C’est la dernière spéciale du rallye, celle de Dakar c’est pour le folklore, que fait-on, si on s’engage sur celle-ci et que l’on a un gros problème moteur. On aura du mal à faire la spéciale mythique du Lac Rose... »
On prend le départ pour le principe, 1km après on sort de la piste vers la droite, un autre concurrent fait la même chose devant nous.
Quelques km plus tard il s’arrête, on se gare à côté, « qu’est que vous faites », ils nous disent « on à la pompe à injection du Mitsu dans le sac, l’an passé on a eu aussi un problème de moteur sur la dernière spéciale et quand on est arrivés à la frontière Sénégalaise après minuit elle était fermée, il a fallu attendre le matin pour passer et on a loupé la spéciale de Dakar, les boules ».
Il reste tout de même plus de 700km à faire pour rejoindre Dakar, j’appelle Jean-Yves pour leur dire qu’on prend le goudron.
Ils nous attendent à Nouaktchott à la sortie de la ville. Nous les rejoignons 1 heure plus tard.

L’assistance :

Ils ont décidé de ne pas faire la spéciale car il y a un gros cordon de dunes en fin de spéciale.
Compte tenu de l’état du moteur ils auraient peu de chance de passer et ils prendraient le risque de ne pas faire la spéciale du lac rose. Sage décision et nous les attendons à Nouatchot

 Où pendant ce temps-là Zézé est parti à la recherche d’une photocopieuse pour photocopier les papiers car on nous a dit qu’au Sénégal ils n’arrêtent pas d’arrêter les gens pour des soi-disant contrôles mais surtout pour extorquer de l’argent et des papiers d’identité. Nous allons rouler en convoi jusqu’à St Louis

Sur la carte l’arrivée au Sénégal est représentée par une belle route en rouge. Sur le terrain c’est une digue de 60 kms le long du fleuve Sénégal.

Tôle ondulée nous revoilà. « Gros rangement dans l’Iveco » Nous passons la frontière sans problème et en profitons pour changer le système de gonflage à droite.

Arrivés au bivouac vers 18h ; mise en parc fermé du Buggy jusqu’après le repas. Repas de fête ce soir pour cette dernière étape officielle.

 

 Le cassement est établi. Nous sommes 27ème sur 39 au départ.

Dimanche 11 janvier: St Louis / Dakar
Liaison : 230 - Spéciale : 24km -  Liaison : 41km - Total : 295 km
Assistance : 283 kms

 La spéciale et l’assistance réunie :
Nous partons de Saint Louis vers 06h30 pour une liaison de 230 km. Le contraste avec la Mauritanie est frappant, la digue de 40 km que nous avons traversé la veille a changé le décor, les gens, les comportements et les coutumes. Nous trouvons une végétation différente, plus nous avançons plus l’Afrique noire s’ouvre à nous.

Arrivés au bord de l'océan, les concurrents sont prêts, les pneus sont dégonflés, nous attendons que les motos partent et nous nous mettons en ligne pour l’ultime spéciale qui nous amènera au bord du Lac Rose.

 Après le départ des motos, les autos vont s’élancer pour l’ultime sprint. Cette spéciale, nous fait quelque chose au cœur, 12km  à fond sur la plage et 11km de pistes sinueuses, du pur plaisir. A l’arrivée Ennio nous rejoint, sa voiture est partie en flamme à la sortie de Nouakchott, il a eu juste le temps de sortir, elle aura eu ce qu’elle mérite, nous dira-t-il «avec l’histoire qui va avec...»

Enfin toute l’équipe est réunie au complet devant le buggy, on peut remarquer que tout le monde est bien content.

 

Cette course nous a réservé une grande aventure humaine avec son lot de  surprises. C’est une grande course, c’est une course dure, c’est notre Karma !

C’est un VRAI DAKAR !

Jour après jour nous nous sommes battus, les pilotes, l’assistance sur place, l’assistance du reste du team à Toulouse. Une grande énergie commune à tous fut déployée pour mener au bout notre Buggy à l’arrivée au lac Rose. Une volonté farouche de ne rien lâcher, de réaliser notre rêve, de représenter dignement toutes les personnes qui nous ont soutenus. Bien d’autres auront eu leur propre histoire parfois pire que la nôtre; sur 67 engagés, 18 participants n’auront pas la chance de franchir l’arche de l’arrivée.

Nous l’avons fait en « Finisher » mais nous l’avons fait !